Le Bien Public 09.05.2005
Un arrêté préfectoral impose
des contraintes de sécurité
Lac de Chamboux : Le barrage menace-t-il de céder?
Un arrêté préfectoral met en demeure le syndicat
mixte du barrage de Chamboux de mettre en place des mesures pour protéger
le barrage du lac. Pierre Poillot, son président, s'explique.
L e lac de Chamboux, près de Saulieu, fait encore des vagues. Après
la polémique soulevée en 2002 par le projet d'un village vacances
au bord du lac, qui avait tenu en haleine, défenseurs et opposants, et
qui avait fini par être annulé devant le tribunal administratif
de Dijon, voici qu'un arrêté préfectoral datant de février
dernier, met en demeure le syndicat mixte du barrage de Chamboux, maître
d'ouvrage du barrage, de mettre en place des mesures destinées à
prévenir le risque de rupture de sa digue (voir encadré).
« Si le préfet a réagi, c'est que les faits sont sérieux.
On ne prend pas ce genre de décision à la légère
! », estime Jocelyn Galland, président du Comité de défense
du site de Chamboux qui nous a procuré le document. « Celui-ci
avait également demandé d'abaisser le niveau du lac au bout de
six semaines à un certain seuil pour tenir compte des contraintes d'alimentation
en eau potable et des contraintes de sécurités, ce qui n'a pas
été fait au bout de ce délai. Le syndicat doit prendre
ses responsabilités ! Nous tirons le signal d'alarme pour qu'il n'y ait
pas de graves problèmes dans le futur », ajoute-t-il.
« Attitude alarmiste »
Une « attitude alarmiste » pour Pierre Poillot, président
du syndicat mixte du barrage de Chamboux, qui sans nier qu'« il y a un
problème » ne le considère pas suffisamment grave pour «
affoler la population comme le fait le comité de défense ».
« Cela fait plusieurs années qu'il y a un ruissellement sur une
zone bien délimitée situé dans le paremont amont, sur la
rive gauche du barrage, et nous suivons la hauteur de l'eau dans le talus à
l'aide de piézomètres », explique-t-il. « Le problème
semblait venir de sources existantes à cet endroit. Nous avons fait drainer
l'été dernier et l'humidité a disparu, mais le niveau d'eau
interstitiel subsiste toujours. Nous recherchons actuellement la cause de cette
présence », ajoute-t-il avant d'émettre une hypothèse.
« Il y a peut-être été mis à l'époque,
dans les remblais du barrage, des matériaux insuffisamment drainant.
La société Somival, un bureau spécialisé, en recherche
la cause ».
« Les travaux seront réalisés »
Concernant les mesures demandées par l'arrêté préfectoral,
Pierre Poillot reste serein : « La plupart sont terminées ou leurs
réalisations sont en cours. Le remplacement des déversoirs a été
fait avant l'arrêté, Somival, outre la recherche, effectuera le
suivi d'auscultation, commandé également avant la mise en demeure,
le plan topographique est en cours et la vanne est ouverte en accord avec les
services de la Direction départementale de l'agriculture et de la forêt
(DDAF) et du Conseil supérieur de la pêche (CSP) ». Pourquoi
ne pas l'avoir effectué dans les délais demandés ? «
A la fin de l'année 2004, je n'ai pas jugé utile d'abaisser le
plan d'eau afin d'observer le comportement des piézomètres après
le drainage d'où l'arrêté préfectoral de mise en
demeure. Puis, du 8 février au 15 mars nous avons eu de la neige.
Depuis, il pleut ! Nous n'avons pu ouvrir la vanne plus tôt. Tous les
travaux seront réalisés à la date demandée ».
Gageons que le comité de défense du site de Chamboux restera attentif
au suivi de cette affaire. Espérons que celle-ci ne mette pas encore
« le feu au lac » tant les relations semblent, elles, rompues entre
les deux parties.
Cyrill BIGNAULT
Le contenu de l'arrêté
L'arrêté préfectoral reprend le rapport d'auscultation
du Cemagref, institut public de recherche pour l'ingénierie de l'agriculture
et de l'environnement, qui conclut, le 15 novembre 2004, que « la situation
constatée en juin 2004 est très inquiétante, indiquant
clairement l'engagement de l'ouvrage dans des mécanismes de ruptures
».
L'arrêté met en demeure le maître d'ouvrage pour que le niveau
du plan d'eau ne dépasse pas « la cote 503,50 NGF, valeur optimale
tenant compte des contraintes d'alimentation en eau potable et des contraintes
de sécurité, et ceci dans les six semaines à compter de
la notification du présent arrêté ».
Travaux de remise à niveau de la rive gauche du barrage, remplacement
des déversoirs des chambres 5 et 6, levé topographique des nouveaux
piézomètres et notamment la détermination de leurs coordonnées
planimétriques, entretien des équipements dans la tour de prise
et la galerie devront être réalisés avant le 30 juin 2005.
Un suivi d'auscultation par bureau d'études spécialisé
est également demandé.
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