L'Yonne Républicaine 02/07/2003
Projet de village vacances au lac de Chamboux : le tribunal administratif donne raison aux opposants

Le tribunal annule un arrêté qui modifiait le périmètre de protection du barrage et rendait possible la construction d'un équipement touristique.
Sur les bords du lac de Chamboux, à quelques kilomètres de Saulieu, " Pierre et Vacances " a depuis la moitié de l'année 2001 le projet d'implanter un " éco-village " de 300 résidences pouvant accueillir 1 500 personnes. Ceci à une condition : que les collectivités locales construisent un parc aqua-ludique d'un montant de 11 millions d'euros.
Le projet a séduit les élus et une partie de la population espérant qu'il apporte un nouveau souffle dans la région. Ils s'est aussi trouvé des détracteurs, dont le Comité de défense du site de Chamboux. Inquiète de la taille de l'entreprise, des risques pour l'environnement et pour les finances publiques, l'association a réuni plusieurs milliers de signatures.
Elle s'est opposée, devant le tribunal administratif, d'une part au syndicat mixte d'exploitation du barrage qui souhaitait modifier le règlement des périmètres de protection du barrage de Chamboux. D'autre part à la mairie de Saint-Martin-de-la-Mer qui révise son plan local d'urbanisme avec l'ambition de rendre constructibles les parcelles destinées au projet.
Annulation de l'arrêté
La semaine dernière, le tribunal administratif de Dijon a donné raison au Comité de défense de Chamboux et à l'association de protection des écosystèmes aquatiques Eaux et rivières de Bourgogne qui contestaient un arrêté interpréfectoral du 24 juillet 2002, émis par les préfets de la Côte-d'Or et de la Nièvre. Le tribunal a décidé d'annuler cet arrêté qui définissait un nouveau périmètre de protection du réservoir de Chamboux et rendait possible l'implantation du projet sur un site qui était à l'origine interdit à la construction.
Le tribunal a jugé cet arrêté illégal, soulignant que les préfets n'étaient pas compétents pour prendre cette décision, et s'appuyant notamment sur le fait que cette modification datée du 24 juillet n'avait pas été précédée d'une enquête publique.
Avis défavorable
D'enquête publique, en revanche, il y en a bien eu une concernant le projet de plan local d'urbanisation en chantier depuis la fin 2001 sur la commune de Saint-Martin-de-la-Mer qui " héberge " le lac. Cette enquête qui s'est déroulée du 18 mars dernier au 22 avril a rendu ses conclusions début juin. Le commissaire enquêteur ne voyant rien à redire… Excepté concernant les 26 hectares proches du lac, jusqu'alors classés en zone non constructible et que le PLU propose de transformer en zone à urbaniser AUL. Invoquant notamment le principe de précaution, le commissaire enquêteur demande à ce que cette zone soit classée non constructible en rappelant que " la raison unique et première du lac de Chamboux est de fournir de l'eau destinée après traitement à la consommation de 20 000 personnes " et que " l'urbanisation de la zone rapprochée du réservoir ne peut se faire qu'après une étude d'un hydrogéologue agréé, afin de prévenir toute possibilité de pollution ". Hydrogéologue qui devrait être à pied d'œuvre cette semaine.
A la mairie de Saint-Martin-de-la-Mer, le maire Henri Laville ne sait encore si son conseil municipal se prononcera sur le PLU ce mois-ci ou en septembre ni quelle suite sera donnée au projet. Et s'il affirme que " Pierre et Vacances est toujours intéressé ", il corrige aussitôt en précisant " à condition que ça ne dure pas trop ".

C. P.

02.07.03 à 04h01
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Le syndicat du barrage demande l'avis d'un expert

Le président du syndicat mixte d'exploitation du barrage, Pierre Poillot estime que " cette décision du tribunal administratif ne change pas grand chose au droit des sols. Cet arrêté de 2002 n'a pas une importance capitale. L'arrêté de 1989 reste valable. Mais nous souhaitons une clarification, c'est-à-dire que l'on définisse avec les services de l'Etat ce qu'est le droit des sols sur ce secteur avec en second plan le projet Pierre et Vacances dont on ne s'est jamais cachés. Nous souhaitions avec le Parc du Morvan avoir l'avis d'un hydrogéologue agréé, il sera là jeudi. La définition du périmètre de 1981 et 1989 allait bien au-delà de ce qui était nécessaire sur le plan géologique et nous voulons avoir son avis sur une éventuelle occupation partielle du terrain, puisque 90 % du projet est en dehors de la zone du périmètre de protection ". Pierre Poillot interrogera les membres du syndicat sur l'opportunité de faire appel de la décision du tribunal administratif. Il ne sait quelle sera la réaction de Pierre et Vacances face à ces difficultés, soulignant au passage qu'" il vaut mieux un projet bien cadré qu'un Settons bis pas géré. Il faut avoir les moyens juridiques de s'opposer à une fréquentation excessive, car qu'on le veuille ou non, le site a une vocation touristique ".
 
 

lien sur le site de l'Yonne Républicaine : http://www.lyonne-republicaine.fr/dossiers/environn/divers/20030702.YON_D4850.html

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